Lettre du Gardien du 16 avril dont la Garde a été reportée par le confinement dû au coronavirus... (avec son autorisation pour la publication)


Chronique du non-gardien de phare


Le 16 avril, je devais garder le phare,
        et j'ai gardé la chambre.

Je devais naviguer immobile,
        et j'ai divagué fiévreusement.

Je devais rêver 24 heures en mer,
        et je confine depuis un mois à terre.

Le sel de l'insolite a été submergé par la vague de l'extraordinaire.

La petite aventure pas banale s'est dissoute dans la stupeur de l'inouï.

Qui es-tu gardien de phare, qui a choisi de te couper des hommes pendant des semaines, solitaire dans ta tour au milieu des flots et des brisants ?

Qu'est-ce qui te pousse vers cet exil volontaire, sentinelle de la mer ?

Tu veilles au salut des marins qui croisent au bout de ton pinceau lumineux.

Tu es seul et pourtant totalement immergé dans la communauté des hommes.

Soyons tous des gardiens de phare !

Veillons sur nous et sur les autres,
        connus et inconnus,
        d'ici et d'ailleurs.

BG