Le phare de 1884

Coloniser le sud du territoire.

Le 28 juin 1881,le Pouvoir Exécutif National Argentin, détenu par le Général Roca, décide de faire valoir sa souveraineté sur la Terre de Feu.


Le 24 octobre 1883, le Général Roca constitue la Division Expéditionnaire de l'Atlantique sous les ordres du commodore Augusto Lasserre.
La division se compose :
- de la canonnière "Parana",
- de la barque "Cabo de Hornos",
- du transporteur "Villarino",
- du vapeur "Commodoro Py"
- de deux cutters "Patagonia" et Santa Cruz".


L'armada qui a levé l'ancre en février 1884 arrive dans la baie de San Juan de Salvamento, une baie ouverte sur l'extrême orient de l'île, le 18 avril 1884.
Débutent alors les travaux pour ériger un phare, une sous-préfecture et un bagne.

Le premier phare de Patagonie.

El Faro San Juan de Salvamento est le premier phare en Patagonie et dans la zone du Cap Horn. Il fut solennellement inauguré le 25 mai 1884.


Le phare construit sur un promontoire de 70 mètres d'altitude, couvrait de son faisceau un secteur de 93° et développait un rayon de 14 à 15 miles nautiques. 
Il est de forme octogonale, en bois et de plein pieds. Deux de ses côtés, face à la mer, présentent des fenêtres couvertes de gros cristaux derrière lesquels se trouvent 7 lampes belges. Chaque lampe est alimentée journellement par 1 kg d'huile de colza. A l'intérieur, une pièce est utilisée comme dortoir avec diverses couchettes et une autre sert de dépôt pour les vivres et le matériel.


Dans ces eaux tourmentées par de forts courants le long des côtes désolées, des dizaines de bateaux avaient fait naufrage. L'importance du phare est énorme, elle permet une navigation plus sûre aux bateaux qui croisaient entre Atlantique et Pacifique.


Cette "lueur de civilisation" inspirera Jules Verne pour son roman "Le phare du bout du monde".

La redecouverte

Tout commence par la lecture d'un roman

Le Phare du Bout du Monde

Équipier sur les bateaux de course au large, André "Yul" Bronner a l'habitude d'embarquer pendant les mois d'hiver, sans courses, sur les bateaux d'amis qui font des charters dans les mers du sud autour d'Ushuaïa.


A bord des bateaux, on a du temps, et les bibliothèques de bord sont souvent bien fournies. C'est le cas de celle de Kotick, le voilier sur lequel Yul navigue début 1993.

Il tombe sur Le Phare du Bout du Monde de Jules Verne. Le roman n'est pas très volumineux, il le lit rapidement. A la fin de sa lecture, Yul se demande si le phare dont parle le roman de Jules Verne existe réellement (il ne figure sur aucune carte) ou s'il est le fruit de l'imagination du romancier. Il en parle aux amis propriétaires du voilier... et tous décident de pousser le prochain voyage jusqu'au bout de l'île des États pour en avoir le cœur net.


En se guidant sur les indications de Jules Verne, qui décrit assez bien l'île, même si les noms de lieux sont changés, Yul retrouve le 1er avril 1993, les restes du phare construit par les argentins. Un tas de planches patinées par le temps, de tôles rouillées qui gémissent dans le vent et de verre cassé.



L’histoire aurait pu en rester là si…

Si quelques jours plus tard, ce rochelais, profitant d’une belle journée, décide de pénétrer le cœur de l’île pour faire une ballade. Il débarque du voilier pour quelques heures, en jean et baskets, avec un petit K-Way et une pomme et des allumettes de survie que Claudine, la femme du capitaine, l'oblige à emmener avec lui.


Rapidement les conditions climatiques deviennent épouvantables, les nuages descendent quasiment jusqu'au niveau de la mer.

Il se perd. Il neige.


Après cinq jours d’errance, il s’en sort miraculeusement vivant.


Il sait qu’il reviendra.